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A U T O U R-D E-S U Z A N N E-G'  S T E L L
14 janvier 2019

Un soir de noêl, 24 décembre 1953, Rue Marceau (fiction)

Ils étaient tous réunis autour du petit repas de noël, un peu différent de l’ordinaire ce n’était guère la fête attendue, mais tous avaient le sourire, l’attablée bavarde de ces journées de fête qui reste intense chez les enfants. Ce matin même à la mairie, il y avait un petit cadeau pour chacun offert en tant que «pupilles de la nation». Ils n’étaient pas orphelin mais bénéficiaient des aides limitées mais nécessaire pour survivre. L’époque d’après guerre n’était pas facile pour tout le monde, et les quartiers ouvriers de la banlieue de Paris restaient pauvre. Les hivers rudes, comme cet hiver 1954 rendu célèbre par l’appel de l’Abbé Pierre. Donc ce matin distribution d’un petit ballotin de chocolat, de deux mandarines et d’un petit bibelot. Danielle aurait bien voulu ce joli taille crayon en forme de planète terre bien lourd, avec les pays peints dessus, il y avait la petite manivelle pour actionner et tailler parfaitement le crayon, elle le voyait chaque matin en passant devant la papeterie, lieu d’exception que l’on ne fréquentait, qu'une fois l'an à la rentrée, pour acheter quelques cahiers nécessaires, stylos, crayon à papier, gomme, classeur mais que le minimun, rien de superflus. Le magasin sentait une odeur envoutante du neuf et des pastels de feutres , disposés derrière le comptoir, les jolis cahiers, par ordre de couleur et de taille, les protèges cahiers. Les plumes Sergent-Major, les encriers et ...le cartable mais là c’était une toute autre histoire, une chimère impossible, même dans les rêves les plus fous, non on gardait le même vieux sac de cuir solide trop robuste, que l’on trainait de génération en génération d’enfant par ordre d’age. Elle était la seconde de toute cette fraterie d’une dizaine d’enfants de cousins. Elle aurait tant voulu ce joli cartable en cuir souple blanc crême et ses poches, son fermoir à ressort qui faisait un joli clic, et la belle trousse de cuir rouge, avec chaque emplacement pour chaque objet qui s’ouvrait avec une fermeture tout autour, chhh, les bretelles pour le porter, avec ça on doit mieux travailler se dit-elle, c’est certain c’est comme pour les chaussure, en regardant les gros godillots inusables mais que c’était laid et lourd pour courir. Ce soir là on irait peut-être à la messe de minuit, on s’était fait beau, propre, du mieux que l’on pouvait avec les plus beaux vêtements a disposition, pas grand chose, suzanne devant la tribu, lâchant quelques minutes sa gauloise bleue pour un pieux rendez-vous.
-Allez les enfants, les autres nous attendent déjà à l’église Saint-Benoit. Tu peux porter mon sac il y a des caramels que j’ai fait sur la plaque de marbre cette après midi pour Françoise, bon un dernier café.

Cette sorte de reine-mère qui avait eu six filles semblait tout connaitre des hommes et les déceptions qu’ils produisent, des passions si courtes et la sentence presque immédiate pour une femme; le bébé. On appelait peu délicatement la fille-mère pour dire que c’était un accident, le père trop jeune ou en vadrouille, les moyens étaient si faible qu’on gardait l’enfant, un de plus. Pour les jeunes femmes, il était difficile de flirter longtemps comme aujourd’hui, elles étaient ramené à leur monde réel très rapidement. Les histoires se limitaient donc, il fallait surveiller ça, le moindre faux pas était rédhibitoire et l’avenir compromis. Donc elle prévient, à ses filles qu’il fallait être très sérieuse dans le choix du futur conjoint, elle ne se souciait pas de la forme, marié pas marié ce n’était pas trop important, non elle voyait des personnes ayant chacun un devoir, un rôle à assumer dans l’existence rien de plus, elle restait assez dure, intransigeante, mais ses responsablités étaient grandes. C’est pourquoi pour avoir expérimenté la fragilité des sentiments, quand au réalisme du quotidien, c’était autre chose- elle savait tout ça. Quand plus tard elle poussa presque de force une de ses filles, ma grand mère geneviève, ce fût un drame, qui la vit refusé d’aller à l’usine comme tout le monde, des larmes d'enfant, mais que pouvait-elle proposer d’autre, elle ne connaissait uniquement quelques références à l’usine, une proposition de poste, c’était tout, alors Suzanne ne cédait pas devant les pleurs, et elle y allait malade ou pas. Suzanne a été très dure avec Geneviève, peut-être la guerre, la peur du lendemain raidissait parfois ses positions. Elle n’avait pas tort, elle sentait par expérience que la liberté des femmes venait du travail seul, il ne fallait plus compter sur les hommes jamais plus. Durant la guerre les femmes avaient pris le pouvoir dans les usines Simca, Renault, Citroen, Javel-lacroix, Brandt, Grévelot, Voisin-Frères, remplaçant avec succès et courage l’ensemble des tâches les plus difficiles, aux plus grandes responsabilités. C’est elles qui ont fait tourner les machines elle avaient donc le droit à une certaine indépendance de vie. Finalement les hommes furent ridicules, elles croyaient dans leurs boniment par faiblesse, elles savaient que tout ça n’étaient que des histoires à dormir debout, des contes pour comtesses, mais il fallait rêver et de tout temps les jeunes garçons étaient très fortiche, elles disaient toujours oui à l’impossible échaffaudage fut-il romantique. Sortir de la misère mais pas à tout prix, tout le coin, le quartier,  était du même acabit, et donc peu de différences sociales, peu de jalousies aussi on possédait tous les mêmes choses et l’espoir se limitait par prudence. On rêvait d’obtenir une petite place dans une des nombreuses entreprises autours, c’était pas sorcier, il fallait être patient, modeste, mais les fruits furent assez généreux pour tous cette génération, d’un début pas forcément joyeux, ils purent trouver un petit nid de vie à leur mesure. Avant suzanne était aussi à l’usine, les hommes en masse qui dragouillaient, personne de sérieux, des beaux gosses oui qui parlaient bien, comme dans les chansons de Mouloudji, de Paul Anka, «vous permettez monsieur que j’emprunte votre fille», de souche simple, petits chefs de service parfois vicieux ou profiteur du moment sur des jeunes ouvières fragiles fraichement arrrivés, naïve sur le sombre dessin de tous les hommes. Ces chefs avaient un avenir similaires, venaient de la même veine, des clones, qu’on soit du quartier d’issy ou de meudon, Petit Clamart, ou quelqu’autre banlieue du même tonneau.

Il était beaucoup plus sage d’écouter les pièces de théatre à la radio le soir, qui transportait tout cette nef miraculeuse de l'appartement de la rue Marceau, dans les songes et les terribles scénarios, un silence régnait à l'écoute concentrée regardant le poste a galène ou TSF en bois, comme si cela apportait une information supplémentaire que de ne pas la lâcher des yeux. ça tricotait, cousait, bricolait, Tic tic tic tic, arrêtait tout mouvement inquiet lorsque la situation se corsait pour nos vaillant policiers, les yeux scutant l'invisible image imaginée,  puis reprenaient, on soufflait.
-on n’est pas la bourse à Rothshild disait-elle souvent et pour finir sur un Gérard qui s’agitait trop -tu finiras sur l’échaffaud...oui sur une très belle marche le beau gérard.
A L'école tous étaient dans la même, division fille et Garçon, quand Pierrot avait un problème dans la cour de récré, on pouvait compter sur Gérard, assez grand et costaud qui refroidissait les plus agressifs et n'avait pas peur du combat tout comme Suzanne.

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